Les agriculteurs ne savent plus quoi inventer pour se faire entendre. Les raids dans les supermarchés alternent sans succès avec les blocages routiers. Leur calendrier 2017, illustré par de beaux mâles à moitié nus, n’a pas eu l’air d’émouvoir outre mesure les commissaires européens. Plusieurs villages de l’Aude viennent même de se mettre en vente sur Le Bon Coin pour protester contre le projet de révision des zones défavorisées. 

Mais c’est un cultivateur tourangeau qui, l’an dernier, a fait le plus fort. Jacques Fortin, 64 ans, dont la ferme se trouve à Athée-sur-Cher (Indre-et-Loire), a semé du blé sur un champ de cinq hectares pour dessiner le mot HELP. Il n’a pas lésiné sur la quantité : ces lettres géantes faisaient 100 mètres de long sur 45 mètres de large.

Deux questions viennent à l’esprit. D’abord, pourquoi avoir lancé cet appel à l’aide en anglais ? Son auteur imaginait peut-être attendrir la perfide Albion, oubliant qu’on était déjà en plein Brexit.

Ensuite, pourquoi avoir planté du blé et pas une plante potagère bien verte ? M. Fortin, qui tire la langue comme beaucoup de cultivateurs, ne voulait-il pas mettre du beurre dans les épinards ?

Athée-sur-Cher se trouve dans un couloir aérien. « Les passagers des avions de ligne qui commencent leur descente sur Orly voient mon SOS », a-t-il expliqué. Mais que pouvaient faire ces malheureux passagers ? Les pilotes eux-mêmes n’ont pas été poursuivis, que l’on sache, pour non-assistance à paysan en danger.

Essayons de comprendre, au lieu de chercher à faire un bon mot. Le désespoir des agriculteurs est tel que même Athée se tourne vers le ciel. 

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