Quel que soit l’indicateur retenu, qu’il s’agisse de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, du développement des énergies renouvelables, de la réduction de la consommation d’énergie, de la limitation de la perte de biodiversité ou encore de l’artificialisation des sols, le bilan écologique du précédent mandat d’Emmanuel Macron est largement insatisfaisant. Si la nomination d’un Premier ministre en charge de la planification écologique est accueillie comme une bonne nouvelle par Greenpeace, nous restons sur nos gardes. Réconcilier productivisme et écologie, comme semble le projeter le gouvernement, est une gageure. Le chemin actuellement emprunté par la France est par ailleurs pavé d’un certain nombre de fausses solutions, à commencer par la plus grande d’entre elles, le nucléaire.

La France est le pays le plus nucléarisé au monde. Pour que cette technologie ait un réel impact positif sur le climat, il faudrait construire dans le monde des centrales nouvelles toutes les semaines pendant les vingt prochaines années. Ce n’est ni tenable, ni souhaitable, ni faisable : la construction d’un réacteur nucléaire exige entre quinze et vingt ans. Or, en 2035, il sera trop tard. Le nucléaire est une technologie incompatible avec le rythme de la crise climatique.

Le dernier rapport du Giec est très clair : pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre, nous devons nous tourner davantage vers le solaire et l’éolien. La France est à la traîne sur le développement des énergies renouvelables. Avec les outre-mer, nous possédons le deuxième littoral au monde. Or, contrairement à nos voisins européens, nous n’avons pas d’éolien en mer. Nous attendons avec impatience la présentation de la nouvelle stratégie nationale bas carbone ainsi que la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie en 2023 pour voir si le rythme s’accélère enfin.

« Si la nomination d’un Premier ministre en charge de la planification écologique est accueillie comme une bonne nouvelle par Greenpeace, nous restons sur nos gardes »

Le mythe selon lequel l’hydrogène pourrait demain remplacer l’ensemble des carburants issus des énergies fossiles constitue une autre fausse solution majeure. En tant que tel, l’hydrogène est intéressant : il n’émet ni CO2 ni particules fines. Pour autant, il faut le produire, et la seule filière industrielle de production d’hydrogène qui existe aujourd’hui repose sur les énergies fossiles.

Nous pensons que l’hydrogène aura sa place dans un mix énergétique à l’avenir, mais qu’il est faux de croire qu’on sera capable d’en produire suffisamment pour faire voler les avions, faire rouler les voitures, les camions, les trains et les bus. L’hydrogène aura un intérêt pour des usages précis, comme le transport lourd ou les transports en commun dans les villes. Mais l’avion vert, promis par Airbus pour 2035 et défendu par Jean-Baptiste Djebbari, ex-ministre des Transports, nous n’y croyons pas. Par ailleurs, ces technologies, qui ne sont toujours pas au point, arriveront trop tard elles aussi.

À l’heure actuelle, la seule manière de réduire l’impact de l’aérien sur le climat consiste à réduire le nombre d’avions dans le ciel. C’est un fait, et le gouvernement ne veut pas l’entendre. Cela ne signifie pas qu’il faut priver les gens de voyager, de partir en vacances ou d’aller travailler au bout du monde quand ils en ont besoin. En revanche, il est urgent de repenser la mobilité dans son ensemble. Et de renoncer aux sophismes pour faire en sorte de garantir un monde viable. 

 

Conversation avec MANON PAULIC

 

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