Et soudain, tous considèrent qu’il est urgent d’agir pour sauver notre planète. « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas », a même déclaré Emmanuel Macron. La tâche est immense car les dérèglements sont multiples : raréfaction des réserves d’eau douce, atteintes à la biodiversité, à la qualité de l’air, érosion des sols, etc. Parmi les sept plaies de notre temps, l’une se révèle encore plus angoissante que les autres : le changement climatique. Un réchauffement des températures combiné à une augmentation des cyclones, des périodes de canicule, des poussées de pluviométrie extrême et d’épisodes de vents violents qui bousculent déjà la vie quotidienne de centaines de millions de personnes et menacent à moyen terme de rendre la Terre bien moins habitable.

Que faire ? Ne pas croire ceux qui répètent en boucle que nous n’avons plus que trois ans pour réagir – il n’y a rien de tel dans le rapport du Giec –, mais prendre en considération l’objectif désigné par les scientifiques : réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et se fixer l’ambition d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Enfin, ne pas désespérer et passer à l’action. Dans ce contexte, un vieil outil de politique publique refait surface – la planification. Et d’un coup, un espoir se dessine. Pourquoi ne pas tenter d’élaborer un consensus entre les militants, les experts et les politiques afin de rédiger un grand plan pour les décennies à venir ?

« Il faut créer une mystique du Plan. Vous entendez, Peyrefitte, le Plan, c’est le salut »

Le Premier ministre en charge de la planification écologique pourra puiser matière à réflexion dans les débuts de la Ve République, quand la planification devint l’alpha et l’oméga du général de Gaulle. Il est savoureux de relire les propos tenus à son ministre de l’Information, en marge du Conseil des ministres du 16 janvier 1963 : « Il faut créer une mystique du Plan. Vous entendez, Peyrefitte, le Plan, c’est le salut. » Car une fois adopté après négociations, comment le contester ? « Le Plan nous permet de nous tirer toujours d’affaire, expliquait de Gaulle. Tout le monde s’est mis d’accord sur ses grandes lignes. Tout le monde maintenant doit s’y tenir. À toute revendication, nous pouvons répondre : “Impossible, le Plan ne le prévoit pas.” »

Si nous avions eu un Plan en 2013, le mouvement des Bonnets rouges en Bretagne se serait essoufflé et les portiques érigés sur les autoroutes, pour calculer le montant de l’écotaxe poids lourds, n’auraient pas été démontés. Nous n’aurions pas perdu dix ans avant de soutenir et financer le fret ferroviaire… Si nous avions eu un Plan en 2018, les Gilets jaunes n’auraient pas envahi les ronds-points pour se révolter contre la taxe carbone. Enfin, on peut rêver. Il reste qu’un plan impose de réfléchir, de prévoir, d’anticiper. De Gaulle parlait justement d’une « ardente obligation ». 

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