La dette nationale, comme les politiques s’en plaignent pratiquement depuis qu’elle existe, est de l’argent emprunté aux générations futures. Mais ses effets ont toujours été, bizarrement, à double tranchant. D’un côté, financer l’État par le déficit est une façon de mettre encore plus de puissance militaire entre les mains des princes, des généraux et des politiciens ; de l’autre, c’est suggérer que l’État doit quelque chose à ceux qu’il gouverne. Dans la mesure où notre monnaie est, en dernière analyse, un prolongement de la dette publique, chaque fois que nous achetons un journal ou payons une tasse de café, ou même que nous parions sur un cheval, nous donnons des promesses, des représentations de quelque chose que l’État nous remettra plus tard, à une date non précisée, même si nous ne savons pas au juste ce que c’est.

Immanuel Wallerstein se plaît à souligner que la Révolution française a introduit en politique plusieurs idées radicalement nouvelles : cinquante ans avant cette révolution, l’immense majorité des Européens cultivés les

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