« Quoi qu’il en coûte ! »
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C’est une question à plusieurs centaines de milliards d’euros. D’où vient tout cet argent ? Surtout quand il est officiellement débloqué, sinon créé, par un président réputé libéral qui tourna casaque le 12 mars dernier dans un pays « en guerre », confronté, selon sa propre expression, « à la plus grave crise sanitaire depuis un siècle ». Ce soir-là, qui annonçait sans que le mot fût encore prononcé le premier confinement dû au Covid-19, restera historique en termes de dogme économique. On ne le réalisa pas sur le coup, mais c’en était fini de la rigueur budgétaire adoptée par l’Union européenne depuis le traité de Maastricht (1992), avec la sacro-sainte limitation du déficit à 3 % de la richesse nationale. C’en était fini aussi des coupes claires dans les dépenses de santé. Et dire qu’en 2017, le même pouvoir avait rogné sans trop d’états d’âme les aides personnalisées au logement (APL) à hauteur de cinq euros par mois, au nom de la bonne gestion des deniers publics. Au passage, le gouvernement avait aggravé le sentiment qu’on s’en prenait aux plus démunis tandis qu’on favorisait les plus riches avec la suppression de l’ISF, certes maintenu pour partie sous la forme d’un impôt sur le patrimoine immobilier.
Depuis neuf mois que l’argent coule à flots, généré par des banques centrales indépendantes mais accompagnant sans rechigner les politiques étatiques de soutien et de relance, les sommes injectées dans l’économie sont astronomiques, des prêts garantis par l’État (PGE) aux allocations de chômage partiel, en passant par les baisses de charges et les annulations partielles de loyers des entreprises. En France, la dette aura cette année bondi de 20 points pour représenter 120 % du PIB. C’est grave, docteur ? Pas pour l’instant, estiment la plupart des experts, considérant qu’il n’y avait de toute façon pas d’autre solution que de soutenir une économie à l’arrêt. Mais si cet argent a des reflets magiques, il faudrait éviter qu’il ne tourne au tragique. Autrement dit, que le remboursement (nécessaire pour certains, négociable pour d’autres) de l’énorme dette contractée soit impossible et débouche sur une terrible austérité, doublée d’une méga crise financière.
Face à cette situation pour une part mystérieuse, et pour une autre inquiétante quant à l’avenir, le 1 a sollicité plusieurs économistes reconnus pour tenter d’éclairer les chemins de sortie de crise et de cerner les risques que nous encourons. Ils vont d’une hécatombe d’entreprises dites « zombies » à une bombe à retardement du chômage, sans oublier le danger que la dette et une recherche frénétique de croissance carbonée pour l’effacer ne passent par pertes et profits l’urgence de la conversion écologique.
« On a besoin de sortir du cadre »
Jézabel Couppey-Soubeyran
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[Planche]
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Un péché contre la démocratie
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