« Entrez », de Rainer Maria Rilke
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Rainer Maria Rilke écrit les Sonnets à Orphée à la mémoire de la danseuse Véra Ouckama Knoop. C’est un tombeau, mais un tombeau dressé hors du christianisme. Inspirer, expirer n’y est plus une prière ; le souffle, qui fut divin, est indifférent aux hommes. Et pourtant que le poète est léger ! Il vole sans peur dans un ciel sans chemin, aérien par sa seule inspiration.
Entrez de temps à autre, ô vous les tendres,
dans ce souffle d’air qui ne vous veut rien,
laissez-le se fendre au long de vos joues,
derrière vous il tremble, à nouveau un.
Ô vous les heureux, ô vous les indemnes,
vous qu’on dirait commencement des cœurs,
votre sourire, arc et cible des flèches,
plus éternel est son éclat en pleurs.
Ne craignez pas de souffrir, ce qui pèse,
rendez-le à la terre, au poids qu’elle a ;
pesants sont les monts, pesantes les mers.
Ces arbres même, enfants vous les plantiez,
sont depuis longtemps trop lourds à porter.
Mais le monde aérien… mais les espaces…
Sonnets à Orphée
© Éditions Gallimard, 1994, pour la trad. de Maurice Regnaut
« Il ne peut pas y avoir de légèreté sans travail »
Gilles Lipovetsky
Pour l'essayiste Gilles Lipovetsky, si notre époque se place sous le signe du léger, cela ne se traduit pas pour autant par un sentiment d’allégement de l’existence.
[Ambivalence]
Robert Solé
La légèreté a deux poids et deux mesures : elle peut renvoyer à la superficialité aussi bien qu’à la fluidité. Est-il logique qu’un même mot désigne d’absolus contraires ?
Joie de la volonté
Olivier Ponton
Pour Nietzsche, la légèreté est une aptitude, une force : la force de se charger du poids (c’est-à-dire de la valeur et du sens) de la vie, explique le philosophe Olivier Ponton.