La défiance est-elle affaire de culture ? L’observation de notre spécificité dans ce domaine peut laisser penser que les Français, du fait de leur histoire, ont dans leur rapport à la politique des dispositions enracinées à se montrer plus défiants que leurs voisins. D’aucuns invoquent la religion catholique et la déchristianisation, source de désenchantement du monde ; le mode d’organisation politique hiérarchique, centralisé, porté par l’État plutôt que par la société civile, qui serait facteur de déresponsabilisation ; ou encore le legs de nombreuses guerres civiles, qui ferait de l’unité nationale une gageure perpétuelle… Les explications ne manquent pas et font florès dans le pays de Montesquieu, qui, lui, n’hésitait pas à recourir à sa fameuse théorie des climats pour rendre compte des systèmes politiques.

 

En science politique, depuis les années 1960, une telle interrogation a fait l’objet de solides recherches dans le champ de ce que l’on nomme la « culture politique », un macrophénomène de long terme aux effets durables qui expliquerait les divergences d’attitudes politiques entre citoyens de pays ou de régions différentes. La grande enquête internationale intitulée « The Civic Culture », menée en 1963 par les chercheurs américains Gabriel Almond et Sidney Verba, démontre ainsi que la capacité de résilience de certaines démocraties dép

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