Peut-on déboulonner la science ? Le verbe est à la mode. De la rue à la paillasse du laboratoire, le pas idéologique est vite franchi bien que ces deux univers n’aient pas grand-chose à voir l’un avec l’autre. Sous nos yeux, d’imposantes statues, de Colbert à Christophe Colomb, que certains veulent voir mordre la poussière pour « purifier » le passé et la culture. Du rififi également autour de la chloroquine, cet antipaludéen dont le récent plébiscite populaire sur son efficacité clinique contre le coronavirus marque surtout le rejet de l’establishment scientifique. Si elle est vantée par le Pr Raoult, l’infectiologue marseillais aux cheveux longs et au langage abrupt, autant dire que cette molécule fait régner la confusion des rationalités : dans ce populisme médical, on ne sait plus très bien si les paroles sont prononcées au nom de l’expertise clinique ou de la légitimité démocratique.

À ce symptôme structurel du déclin de l’autorité sociale des autorités scientifiques s’ajoute la surabondance des rhétoriques d’experts dans l’espace politique, alors que le déconfinement est déjà bien entamé. Loin de fournir une nouvelle légitimité au monde scientifique, ou d’aiguiser les données épidémiologiques et toxicologiques en arguments d’une redoutable efficacité politique, cette logorrhée traduit un malaise dont l’impact est encore sous-estimé dans le champ scientifique. Cette surmédiatisa

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