Un berger, qui menait son troupeau assez loin du village, se livrait sans cesse à la plaisanterie que voici. Il appelait les habitants du village à son secours, en criant que les loups attaquaient ses moutons. Deux ou trois fois les gens du village s’effrayèrent et sortirent précipitamment, puis ils s’en retournèrent mystifiés. Mais à la fin il arriva que des loups attaquèrent pour de bon. Tandis qu’ils saccageaient le troupeau, le berger appelait au secours les villageois ; mais ceux-ci, s’imaginant qu’il plaisantait comme d’habitude, se soucièrent peu de lui. Il arriva ainsi qu’il perdit ses brebis.
Cette histoire montre que les menteurs ne gagnent qu’une chose, c’est de n’être pas crus, même lorsqu’ils disent la vérité.

Extrait de Fables grecques et latines de l’Antiquité, Édition de Jacqueline et Pierre Sauzeau, Les Belles Lettres, 2018

 

 

L’existence même d’Ésope, un esclave affranchi de Phrygie, est sujette à caution. Il n’est en tout cas pas le père de la fable, déjà attestée chez les Assyriens. Au fil des siècles, son Berger farceur a servi à l’éducation des plus jeunes contre le mensonge. Ajoutons-y pour les adultes cette pensée de La Rochefoucauld : « Notre défiance justifie la tromperie d’autrui. » 

 

 

 

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