En quoi la défiance se distingue-t-elle de la méfiance ? Sur ce point, les dictionnaires ne nous éclairent pas beaucoup. Ils renvoient les deux mots l’un à l’autre, en donnent une définition quasiment identique, en leur attribuant un même antonyme qui serait la confiance. Le vieux Littré propose quand même une explication : « La méfiance fait qu’on ne se fie pas du tout ; la défiance fait qu’on ne se fie qu’avec précaution. Le défiant craint d’être trompé ; le méfiant croit qu’il sera trompé. » Mais cela s’applique-t-il vraiment au sujet qui nous concerne, au Français de 2020 qui se méfie (défie ?) du gouvernement, du patronat, des syndicats, des médias, des statistiques, de ces messieurs de Bruxelles, de son banquier, de son plombier, de son boucher, de l’eau du robinet et, bien sûr, de l’eau qui dort ? Méfions-nous des dictionnaires !

 

La littérature et le bon sens populaire contribuent à nous tromper. « La défiance est mère de sûreté », dit le proverbe, alors que dans Le Chat et le Vieux Rat, La Fontaine attribue cette maternité à la méfiance.

 

Les nuances de la langue française nous échappent parfois. On confond aisément soupe et potage, ivre et soûl, étonné et surpris, conter et raconter… Dans l’affaire qui nous occupe, où deux mots de sens voisins ne diffèrent que par une consonne, s’agit-il de pseudo-synonymes, de quasi-synonymes ou de parasynonymes ? Je crains (redoute ?) de ne pouvoir répondre ici à une question aussi compliquée (complexe ?). Me méfiant de tout et me défiant du reste, je laisse trancher les hautes autorités, à qui on aurait tort cependant de se fier. Ce serait commettre un abus (excès) de confiance. 

 

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