Au Ier siècle, le pythagoricien Apollonios de Tyane fut accusé de sorcellerie pour avoir prédit la peste. Le sage, répondit-il, perçoit les malheurs dès leur début ; il n’a pas besoin que la terre envoie ses miasmes. Ainsi, Mallarmé célébra le don de Théophile Gautier de « voir avec les yeux […], ce qu’on ne fait pas ». 

Car les dieux connaissent l’avenir, les hommes ce qui arrive et les sages ce qui approche. 

Philostrate, Sur Apollonios de Tyane, VIII, 7

 

Les hommes connaissent le présent.
L’avenir appartient aux dieux,
seuls et pleins possesseurs de toutes les lumières. 
De l’avenir, les sages ne perçoivent
que les prémisses. Leur oreille parfois, 
 
aux heures de profonde méditation, 
se trouble. La secrète rumeur 
des lendemains en marche leur parvient. 
Et ils l’écoutent avec respect. Tandis que dans la rue, 
dehors, les peuples n’entendent rien.

En attendant les barbares et autres poèmes, traduit du grec par Dominique Grandmont
© Éditions Gallimard, 2003

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