C’ÉTAIT le sondage qui manquait. Il vient d’être réalisé par l’institut YouGov, à la demande du Huffington Post : on a sondé les Français sur les sondages.

Que dit le mystérieux échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population nationale âgée de 18 ans et plus ? Il dit, pour commencer, que 64 % des Français ne jugent pas fiables les sondages préélectoraux. Bien, mais on aurait aimé savoir si la suspicion de l’échantillon ne concernait pas les sondages en général, et notamment ce sondage sur les sondages.

Autre révélation de l’institut YouGov : 71 % des Français estiment que les sondages préélectoraux sont sans influence sur leur vote. Là aussi, c’est l’échantillon qui le dit, et naturellement aucun de ses membres, âgés de 18 ans et plus, n’est en mesure de le savoir. Les 18 % qui ont répondu par l’affirmative sont plus enclins à nous convaincre.

Un troisième résultat de ce sondage, décidément très riche, retient l’attention. Une majorité de nos compatriotes (56 %) pense qu’il y a « trop » d’enquêtes d’opinion publiées sur les intentions de vote. Ce n’est pas étonnant. Les 7 % qui ont un avis contraire sont sans doute des masos ou des plaisantins. Car tout indique que le corps électoral souffre d’être ausculté jour et nuit. Pas une heure ne passe sans qu’une multitude d’équipes concurrentes prennent sa température, son pouls ou sa tension.

Tout en ayant une haute opinion de soi, l’opinion a des opinions fluctuantes qu’on s’ingénie à lui extorquer avec opiniâtreté. Le corps électoral ne cesse d’opiner, et pas seulement du chef ou du bonnet. Ne faudrait-il pas le laisser se reposer et, en même temps, écouter ses murmures ? Sonder les reins et les cœurs ? Vivement d’autres sondages, plus approfondis, sur les sondages ! 

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