– Je vous trouve bien agité depuis quelque temps.

– Il y a de quoi ! Je croyais que nous étions en dictocratie…

– Dictocratie ?

– Démocrature, si vous préférez. Or, je constate que nous sommes en dictature.

– La France n’est quand même pas la Corée du Nord !

– Regardez autour de vous. La justice est aux ordres. La police cogne, tire et mutile. Les pauvres sont étranglés. L’Assemblée nationale est peuplée de godillots, à la solde du despote qui occupe l’Élysée. Nous avons appris à nous méfier de tout : de Paris comme de Bruxelles, des élus, des médias, des syndicats, du fisc, des statistiques, des promesses, et même des milliards d’euros que nous avons arrachés de haute lutte, dans la rue.

– À quelles conclusions vous amène cette défiance tous azimuts ? Que proposez-vous ?

– Une vraie démocratie : un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

– Mais l’État, alors ?

– L’État, c’est le peuple. L’État, c’est moi.

– Et vous… enfin, le peuple… comment comptez-vous gouverner ?

– Par stochocratie.

– ???

– Du grec kratein (diriger, gouverner) et stockhastikos (aléatoire). Une assemblée populaire sera choisie par tirage au sort. Il s’agit d’un système parfaitement égalitaire qui empêche toute tentative de corruption et tout abus de pouvoir.

– Avec une telle formule, ce n’est pas le peuple qui choisirait, mais le sort. Votre assemblée risque de réunir des incompétents.

– Et alors ? Il a été démontré que la diversité d’un groupe ayant des points de vue différents est plus efficace que la compétence individuelle de ses membres.

– Je demande à voir… Stochocratie, disiez-vous ?

– Isocratie, si vous préférez. Ou clérocratie. Mais, si ça peut vous aider à comprendre, on dit aussi lotocratie. 

 

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