Tout avait commencé au mitan de la nuit. Un va-et-vient de silhouettes inquiétantes dans la pénombre des ruelles alentour. Un rassemblement improvisé au bas d’un réverbère qui lâchait sa lumière pisseuse traversée de hannetons vrombissants. Une vague molle de murmures et chuchotis comploteurs brusquement enflée d’une rage débordante. Des pétarades de mobylettes déchirant la nuit, de sourdes détonations ponctuées d’appels à l’indépendance. D’un coup, le feu. Une voiture embrasée. Des flammes joyeuses, virevoltantes, rouge et jaune, qui annonçaient la fin de quelque chose, ou le commencement d’un sursaut.

À deux pas de sa case, près de la boutique accolée au bar à rhum de Tata, la route de campagne était maintenant barrée. Ceux qui siégeaient là depuis le petit jour semblaient déterminés, parés à tenir une éternité face à la puissance de la France. Derrière ses persiennes, Judy regarda passer une bande de jeunes exaltés, tout de noir vêtus, les visages dissimulés derrière des T-shirts amarrés en cagoule. Trois hommes, bras croisés, d

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