« La faiblesse des instances de médiation favorise les logiques de rupture »
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Quels sont les ressorts profonds de ceux qui disent non au passe sanitaire ?
Le non au passe sanitaire n’est pas au cœur de ce refus. Les rassemblements de cet été, avant d’être antipasse, procèdent en profondeur de l’opposition au vaccin. C’est de là qu’il faut partir pour comprendre cette protestation. Sans cette dimension antivaccin, il n’y aurait pas eu cette radicalité, et la plupart des manifestants se seraient finalement arrangés du passe sanitaire.
Que recouvre cette opposition au vaccin ?
Passons sur les aspects classiques : une part de l’irrationnel dans nos sociétés n’a jamais été liquidée par la raison. Les sociétés modernes s’accommodent de pratiques proches de la sorcellerie. Elles font une place à l’astrologie, parfois dans les plus hautes sphères de l’État. Pasteur n’a pas toujours été accueilli avec des fleurs ! Mais les critiques, les résistances ne montaient pas au niveau de mobilisation publique que l’on connaît.
Ce qui est nouveau, c’est que la médecine moderne perd une partie de son aura. Le respect qui entourait d’ordinaire les médecins – comme les instituteurs ! – n’est plus. Depuis les années 1970, une distance n’a cessé de s’étendre. Une des premières expressions de cette évolution a été la publication du Guide des médicaments les plus courants du Dr Pradal, et cela n’a pas arrêté de s’amplifier. Les patients sont devenus « savants » et ont commencé à critiquer les soignants. Les laboratoires et l’industrie pharmaceutique, entrés dans l’ère de la communication, voire du marketing, ont été mis en cause. Puis nous sommes passés d’une critique de la science et de la médecine à des logiques de rupture.
C’est ce qui s’observe aujourd’hui aux Antilles. Une des sources du refus du vaccin tient au scandale du chlordécone, ce pesticide utilisé jusqu’en 1993 dans les bananeraies : une partie de la population considère que les autorités ont laissé les ouvriers agricoles s’empoisonner en connaissance de cause. Ce qui se déploie, bien plus qu’u
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