Les soldats de la Vieille Garde de Napoléon avaient été surnommés les grognards. « Ils grognent encore, mais ils marchent toujours », commentait l’empereur à propos de cette unité d’élite, volontiers rouscaillante, alors qu’elle était beaucoup mieux traitée que le reste de l’armée.

Une France de grognards ? Marianne serait-elle cette poupée chantée par Polnareff qui, toute la journée, fait non, non, non, non ? On a cru l’apercevoir en 2019, sur les ronds-points, affublée de jaune, dénonçant la taxe sur les carburants, la limitation de vitesse, les radars routiers, les contrôles techniques, les parkings payants, le prélèvement à la source, la police, les énarques, les bobos, les Parigots, les premiers de cordée, les seconds couteaux…

Il y a non et non. Ne confondons pas les Gilets jaunes et les Bonnets rouges, les antivax et les antipasse, la France insoumise de Mélenchon qui célèbre « la créolisation » et la France rebelle qui combat « le système dominant, immigrationniste et anti-français ».

Le nonisme, comme l’arc-en-ciel, compte une multitude de couleurs, avec des intensités différentes. S’opposer n’est pas forcément s’insurger. Être vacciné contre le Covid et montrer son passe sanitaire n’interdit pas à certains d’affirmer que les mesures prises depuis deux ans ont fait plus de mal que de bien : c’est un point de vue, pas un forfait. Il y a loin de la contestation à la désobéissance, de la dissidence à l’insurrection.

Regardons autour de nous : la France est loin d’avoir le monopole de la rouspétance. Et le nonisme n’y affecte d’ailleurs qu’une partie de la population. Je conteste le stéréotype du Français râleur, éternel mécontent. À ce cliché, je dis non, non et non, cent fois non ! 

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