Barthes a écrit sur la photographie un très beau livre, continuellement cité : La Chambre claire (1980). Mais sa relation aux images ne se résume pas à ce seul ouvrage. Théoricien des langages, il s’intéresse à la photographie dans la mesure où elle offre des signes sensibles et qui ne parlent pas. Il est un des rares penseurs de son époque à avoir vraiment réfléchi à l’image, sans retenir pour l’analyse celles qui sont consacrées par la haute culture. Et il l’a fait dans trois directions au moins :

– sur les photographies de la culture médiatique, il a développé une perspective sémiotique et critique ;

– sur les photos de vacances ou de famille, les archives et les traces de soi, il a proposé une lecture ironique, marquée par la mise à distance de l’histoire personnelle ;

– la photo d’art, enfin, lui a permis d’inscrire une véritable théorie de la photographie.

L’œuvre de Barthes fournit d’abord des analyses et des outils pour une critique de la photographie. Beaucoup des Mythologies concernent la photographie ou partent de photographies, issues de reportages de journaux comme Paris-Match ou Elle. Elles en déconstruisent le message et les codes. Une exposition grand public à la Galerie d’Orsay, intitulée « Photos-chocs », est ainsi l’occasion d’une réflexion sur l’intention photographique, qui construit l’horreur à l’excès en empêchant ainsi le spectateur de l’éprouver : « La plupart des photos-chocs que l’on nous a montrées sont fausses […] ; trop intentionnelles pour de la photographie et trop exactes pour de la peinture, elles manquent à la fois le scandale de la lettre et la vérité de l’art. »

L’une des propositions les plus percutantes dans cet ensemble, Barthes la fait à propos de la photogénie éle

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