Vous n’avez pas entendu parler du Black Friday ? Ça ne m’étonne pas. Cette initiative citoyenne est d’une discrétion incompréhensible. Quand on offre de tels rabais, quand on se met à ce point au service des consommateurs, on n’a pas le droit de se taire. Une entreprise aussi généreuse n’aurait-elle pas mérité des annonces, de la publicité, un peu de tapage ?

Saluons néanmoins l’humilité de ses promoteurs. Ils avaient les moyens d’inventer un nouveau système de soldes de fin d’année : la France n’a pas de pétrole, mais elle a des idées. Non, ils se sont contentés de copier scrupuleusement un dispositif commercial en vigueur aux États-Unis.

Le plus émouvant dans l’importation en France du Black Friday, c’est le respect de son nom. On aurait pu appeler cette opération Vendredi Bleu, Samedi Argent ou Lundi Rubis. Non, il fallait le dire en anglais, et sans y toucher, même si « noir » a une connotation négative et si « un jour noir » a toujours été associé à un événement désastreux ou tragique.

Le Black Friday semble d’ailleurs avoir enchanté les consommateurs français : ils se sont fait tondre avec un enthousiasme de moutons. Copier aveuglément l’Amérique, sans même traduire ses expressions, est devenu un signe éclatant du génie français. Ce bel exemple de mimétisme s’était déjà manifesté avec l’adoption d’Halloween. Cela permettait de combler une période commerciale un peu creuse, entre la rentrée de septembre et les fêtes de Noël. Demain peut-être échangerons-nous des cadeaux à l’occasion de Thanksgiving. Et rien ne nous interdira de célébrer l’Independence Day, le 4 juillet, pour booster les soldes d’été. 

 

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