Quand les mages d’autrefois apportèrent des cadeaux
une étoile pour guide
à l’humble lieu de naissance


du dieu de l’amour,
les démons
comme le montre une vieille gravure
ont fui en désordre.


Que pouvait comprendre un bébé
aux ornements en or,
à l’encens et à la myrrhe,
aux robes de curé
et aux génuflexions dévotes ?


Mais l’imagination
connaît toutes les histoires
avant qu’elles soient dites
et connaît la vérité de celle-ci
par-delà les manques


Les riches présents
si inadaptés à un enfant
bien qu’offerts avec dévotion
représentaient tout ce que l’amour peut apporter.


Les hommes étaient vieux
comment pouvaient-ils connaître
les besoins d’une mère
ou l’appétit
d’un enfant ?


Mais ils se sont agenouillés
et l’enfant fut nourri.
[…]

L’Américain William Carlos Williams n’aime pas les abstractions. Il ne trouve d’idées que dans les choses. Ainsi de cette scène biblique, qu’on dirait inspirée par L’Adoration des mages de Bruegel. Le temps s’y fige quand s’agenouillent les rois, pour mieux souligner ce miracle : notre amour s’incarne dans les objets que nous offrons. 

Extrait du poème « The Gift », traduction inédite de L.C., The Collected Poems of William Carlos Williams, vol. II, 1939-1962, New directions, 1988

 

 

 

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