Quand le mur de Berlin tombe en 1989, les pays d’Europe centrale deviennent, pour la première fois depuis des siècles, maîtres de leurs relations internationales. Fraîchement indépendants, ils doivent rapidement se placer dans l’espace géopolitique et déterminer la nature de leurs relations avec le reste de l’Europe. Deux tendances se dessinent. D’un côté, la tendance nationaliste : elle se manifeste par exemple en Yougoslavie avec la politique d’expansion et de reconquête des Serbes sous la direction de Milošević, qui débouche sur une guerre meurtrière. De l’autre côté, la tendance pro-européenne, axée sur la coopération et la réunification de l’Europe.

Ce mouvement, inspiré par les intellectuels polonais de la revue dissidente Kultura, prônait depuis les années soixante le rapprochement entre l’Europe centrale et les pays de l’Ouest et la reconnaissance des frontières telles qu’elles ont été fixées en 1945. Il s’agissait d’enterrer les conflits ancestraux, de collaborer avec les nouveaux voisins et de créer une association qui permettrait, d’une part, de se protéger contre la Russie et, d’autre part, de contribuer à la construction européenne. Cette « politique orientale » a prédominé en Europe centrale, tout au long des années 1990-2000. Elle est à l’origine du groupe de Visegrád, fondé en 1991 par le président tchèque Václav Havel, le président polonais Lech Wałęsa et le Premier ministre hongrois József Antall. Le but : préparer ensemble l’adhésion à l’Union européenne et à l’Otan.

Une fois ces objectifs atteints, le groupe de Visegrád, ou V4, devient une sorte de club diplomatique, un espace de discussion où les dirigeants échangent sur les problématiques régionales, un groupe comme il en existe ailleurs en Europe. Ses membres y voient aussi un moyen d’apporter une certaine expertise, une contribution aux relations de l’UE avec l’Est. Cependant, cet espoir n’aboutit guère. Par exemple, lors des crises

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