Matignon est peut-être un enfer, mais le parc de près de deux hectares dont bénéficie cet hôtel cinq étoiles est un paradis. On n’en finirait pas de citer toutes les merveilles qu’il contient et les techniques naturelles, sans un gramme d’engrais chimique, qui lui ont permis d’obtenir le label « écojardin ». En 1978, Raymond Barre y a planté un érable à sucre, offert par des Canadiens. Les Premiers ministres qui lui ont succédé se sont fait un plaisir de l’imiter, laissant ainsi une trace de leur passage, parfois très bref, à la tête du gouvernement. Pierre Mauroy a choisi un chêne de Hongrie, Édith Cresson a opté pour un arbre aux quarante écus, et François Fillon pour un cornouiller des pagodes… Édouard Philippe, lui, a planté un pommier « claque-pépin », qui doit son nom au bruit de grelot que font les fruits mûrs quand on les agite. Ce tapage aurait-il aidé le maire du Havre à prendre racine ?

Michel Barnier ne va pas tarder à recevoir le « document d’assistance au choix de l’arbre du Premier ministre », soigneusement rédigé par la section Jardins et développement durable de la sous-direction des Sites historiques. Que choisira le successeur de Gabriel Attal parmi les plus de 60 000 espèces que compte la planète ? Je déconseille le séquoia géant qui pourrait témoigner d’une ambition démesurée, de même qu’un bonsaï, car la fausse modestie a des limites. 

Inutile de se précipiter. Si ce gouvernement tient jusqu’à la fin de l’année, son chef pourra s’offrir un sapin de Noël bien mérité. D’ici là, c’est dans les couloirs de l’Assemblée qu’il va devoir creuser, bêcher, élaguer, et arroser si besoin. L’arbre peut attendre. Pour Michel Barnier, l’urgent n’est pas de planter, mais de ne pas se planter. 

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