Comment oublier ce moment historique ? Pour la première fois, un homme foulait le sol de la Lune. On l’a vu, revêtu de son scaphandre, descendre de l’engin spatial, puis faire quelques pas. Et, déjà, il était rejoint par le capitaine Haddock, suivi de Milou et du professeur Tournesol, tandis qu’une météorite s’écrasait à quelques mètres d’eux…
Sans vouloir diminuer le mérite de Neil Armstrong, l’exploit de Tintin, survenu quinze ans plus tôt, a été bien plus décoiffant. Apollo 11, c’était du déjà-vu, les couleurs en moins.
Le précédent album d’Hergé, Objectif Lune, se terminait dans un suspense angoissant : la fusée à damier rouge et blanc ne répondait plus. Dans On a marché sur la Lune, l’équipage reprend ses esprits, mais les surprises ne vont pas cesser. Ces deux bachi-bouzouks de Dupont et Dupond, qui s’étaient cachés dans la cale, se retrouvent sans l’avoir voulu à huit mille kilomètres de la Terre. Après l’alunissage, un autre passager clandestin, le méchant colonel Boris, surgit de la soute, revolver au poing…
On pardonne à Hergé quelques invraisemblances, comme l’envoi dans l’espace, sans le moindre entraînement, d’un jeune reporter capable de spéléologie lunaire et d’un vieux briscard des mers carburant au whisky. Les deux albums, pour lesquels il s’était beaucoup documenté, ont fait l’admiration des scientifiques. Des tintinologues armés d’une loupe ont néanmoins remarqué quelques erreurs minuscules. Par exemple, page 33, la pioche fixée sur le char est absente d’une case pour réapparaître dans les suivantes. Une faute d’inattention du génial dessinateur. Mais qui oserait lui reprocher d’avoir été dans la lune, l’espace d’un instant ?