Bertolt Brecht compose cette chanson en 1928 pour une pièce de Leo Lania, Le Gisement de pétrole. Des compagnies pétrolières s’y disputent un pays au détriment de ses habitants et de leur environnement. Déjà condition du bonheur moderne, le pétrole est aussi « l’odeur la plus parfaite du désespoir humain », selon les mots de Pierre Mac Orlan.  

Voici le pétrole  ! Voici le pétrole ! Un gisement
De ce qui fait marcher les moteurs, se mouvoir les bateaux !
Un gisement de cette huile dont on graisse les pistons,
Qui donne aux villes la clarté ! Vite !
Chevriers, transformez-vous en chercheurs de pétrole ! Vite !
Amenez le pétrole à la surface, paysans, déblayez la roche,
Forez le sol !

Mais il y a des troupeaux de chèvres qui paissent sur ce gisement ! 
Mais il y a des maisons d’habitation qui ont cent ans d’âge !
Mais il y a des cadastres et des titres de propriété !

Vite ! Éliminez tout ce qui fait obstacle entre le pétrole et nous !
Plus de troupeaux de chèvres ! Plus de maisons d’habitation !
Et plus de cadastres ou de titres de propriété !
Voici le pétrole ! Voici le pétrole ! Cette huile dont on graisse les pistons 
Et qui donne aux villes la clarté ! 

Traduit de l’allemand par Jean-Paul Barbe
Poèmes, tome 9 (1913-1956) © L’Arche éditeur, 1968 

 

 

Vous avez aimé ? Partagez-le !