Prenant ses distances avec Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin a rejoint les « purgés » de La France insoumise pour devenir, comme eux, un « insurgé ». Selon lui, le pays devrait être gouverné « avec tendresse ». Le mot a surpris. Ruffin n’est pourtant pas le premier responsable politique à l’avoir employé. Avant lui, Jaurès (dans une lettre aux instituteurs en 1888) ou Valérie Pécresse (lors de la campagne présidentielle de 2022) avaient fait rimer « tendresse » avec leurs noms respectifs. Mais venant d’un ex-compagnon de route du líder máximo, cela prend une résonance particulière. On est loin de la brutalisation mélenchonienne qui a tant desservi le Nouveau Front populaire. Loin des propos de la députée insoumise Sophia Chikirou, qualifiant François Hollande et ses amis de « punaises de lit »…

« Si la tendresse était un geste, elle serait une caresse ; si elle était un visage, elle serait un sourire », dit le psychiatre Christophe André. Mais comment traduire cela en politique ? La tendresse est difficile à définir. On sait surtout ce qu’elle n’est pas, au gouvernement comme dans l’opposition : un mélange de surdité, d’agressivité, d’arrogance, de mépris pour l’adversaire et de conviction bien ancrée d’avoir toujours raison, même quand on a tort.

La tendresse n’est ni mièvrerie ni tiédeur. C’est aussi une manière de s’exprimer, avec douceur, loin de la rigidité et des formules stéréotypées : le contraire de la langue de bois.

« Pour faire de la politique, il faut avoir la peau dure, car le métier est cruel », disait Michel Rocard deux ans avant sa mort. Une peau dure et un cœur tendre ? 

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