La pandémie de Covid-19, avec son cortège de victimes et les innombrables difficultés qu’elle génère, a tendance à masquer les bonnes nouvelles. Pourtant, nous savons tous que le premier vaccin anti-Covid a été mis au point en moins d’un an, qu’il a été développé grâce à la collaboration de plusieurs laboratoires – BioNtech, Fosun Pharma et Pfizer – et qu’il est le fruit d’une technique révolutionnaire. Ce vaccin dit à ARN messager, qui présente des taux d’efficacité record et bénéficie déjà d’une production industrielle, n’aurait pas été concevable au début des années 2000. 

Ce n’est là qu’un petit pan de l’immense bouleversement à l’œuvre depuis le séquençage complet du génome humain rendu public en 2003. Depuis, les scientifiques ne cessent d’accumuler des connaissances qui servent à mieux nous soigner et nous guérir. Le prix Nobel de chimie 2020, remis le mois dernier à Emmanuelle Charpentier et à Jennifer Doudna, a permis de consacrer leur découverte : des « ciseaux moléculaires » capables de cibler, couper, déplacer et remplacer des gènes ou des fragments de gènes dans chacune de nos cellules. Une invention prodigieuse qui permet de pénétrer au cœur du vivant pour le corriger.

C’est cette révolution copernicienne que nous raconte dans ce numéro Aline Richard Zivohlava dans un grand récit enrichi d’un glossaire. Cette saga permet de suivre le travail, durant deux décennies époustouflantes, de chercheurs déployant intelligence, curiosité et opiniâtreté pour aller toujours plus loin dans la découverte de la nature et du vivant. Une chaîne d’hommes et de femmes qui se passent le témoin comme dans un relais, tout en se livrant une concurrence féroce.

La Nobel Jennifer Doudna explique, dans l’entretien qu’elle nous a accordé, qu’elle travaille à la mise au point d’un test de dépistage – bien plus simple, plus rapide et meilleur marché – du Covid-19 grâce aux avancées scientifiques sur l’ARN et l’ADN. Pierre Corvol, ancien président de l’Académie des sciences, observe que les progrès enregistrés, non dénués de dangers, permettront à l’avenir de proposer non seulement une médecine prédictive et individualisée, mais de révolutionner l’agriculture. Une invitation à voyager au cœur de la recherche la plus avancée. 

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