Un tailleur chic sur une paire de talons aiguilles, des boucles anglaises qui encadrent un visage qui ne fait pas son âge, et un regard aussi sombre que pétillant, souligné de khôl noir. Emmanuelle Charpentier, 52 ans, est « une très jolie femme », commencent souvent par préciser les scientifiques qui ont croisé son chemin, quand on leur demande leur avis sur la lauréate du prix Nobel de chimie 2020. La chercheuse est bien sûr « brillante », « obstinée », « travailleuse » et, pour ne rien gâcher, « accessible et sympathique », observent-ils. Mais quand même, la scientifique française est sacrément belle – et c’est visiblement important de l’écrire.

Pour comprendre le parcours d’Emmanuelle Charpentier, il faut imaginer l’atmosphère des laboratoires de recherche au début des années 1990. Des royaumes entièrement dominés par des hommes, au sein desquels les femmes triment pour se faire une place. Une scientifique, à l’époque, c’était « une femme laide au teint pâle, qui aurait passé quarante ans dans un

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