Dans la communauté pachtoune, clanique et musulmane, on impose aux femmes le mariage avec un vieillard ou un enfant. Cet époux, elles le nomment le petit affreux dans des poèmes en deux vers, les landay – des chants de révolte. Elles y disent crûment la violence de leur désir, et appellent l’amant pour qui elles risquent leur vie.  

Le destin m’a donné pour époux un enfant que j’élève
Mais Dieu, quand il sera grand et fort ; moi, je serai vieille et faible.

*
Ô mon Dieu ! tu m’envoies de nouveau la nuit sombre
Et de nouveau je tremble de la tête aux pieds, car je dois monter dans le lit que je hais.

*
Ô Seigneur ! de nouveau elle est là ta nuit longue et triste
Et de nouveau il est là, mon « petit affreux », et il dort…

*
Quand tu viens chez nous, mon amant, le « petit affreux » se fâche.
Ne viens plus. Désormais je te tendrai ma bouche entre les battants de la porte. 

 

Sayd Bahodine Majrouh, Le Suicide et le Chant, Poésie populaire des femmes pashtounes, traduit du pachto, adapté et présenté par André Velter et l’auteur
© Éditions Gallimard, 1994

Dessin de Kubra Khademi,The Two Page Book “ کتاب دو ورقی ,Courtesy galerie Éric Mouchet,2020

 

 

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