Arrêtons de gémir. Nous avons la chance de vivre en démocratie. C’est quand même mieux que les dictatures, les monarchies absolues ou les théocraties !

– Il y a des pays en voie de démocratisation et d’autres qui se dé-démocratisent. La France souffre, comme beaucoup de ses voisins, d’une défiance à l’égard des gouvernants, d’un affaiblissement des corps intermédiaires, d’une brutalisation du débat public, d’une abstention préoccupante aux élections.

– Oui, l’abstention… Chez les jeunes surtout. Mais le problème serait réglé avec la cyberdémocratie. Pour voter, chacun pourrait se prononcer à distance, d’un simple clic, sur son ordinateur ou son téléphone. Ce serait plus économique, plus rapide, plus écologique et d’ailleurs plus démocratique, puisque les personnes âgées, malades ou atteintes d’un handicap n’auraient pas besoin de se déplacer.

– Bonjour la cybercriminalité !

– Pas du tout. Le système peut être parfaitement sécurisé. On fait bien des démarches administratives ou des virements bancaires par Internet. Pourquoi ne voterait-on pas à distance ?

– Si les gens boudent les bureaux de vote, c’est parce qu’ils veulent manifester leur mécontentement à l’égard des partis politiques ou parce qu’ils estiment que ces élections ne changeront rien à leur situation personnelle. Ce n’est pas en dématérialisant la démocratie qu’on la rendra plus désirable.

– Mais si, mais si ! Les citoyens ne se prononceraient pas seulement lors des élections, mais à tout moment, sur n’importe quel sujet. Ce serait un sondage grandeur nature et permanent.

– Bref, chacun chez soi, derrière son écran. Nous aurions une démocratie directe, sans intermédiaires. Un café du commerce géant, débarrassé de toute entrave. C’est terriblement séduisant. 

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