Le Royaume-Uni – Angleterre, pays de Galles, Écosse et Irlande du Nord – élira ses représentants au printemps ou, plus probablement, à l’automne 2024, comme l’a laissé entendre Rishi Sunak le 4 janvier. Le Premier ministre compte se donner du temps pour tenter de limiter le retard de 20 points qu’accuse le Parti conservateur sur son rival travailliste dans les sondages. Sauf retournement improbable, le Labour devrait revenir au pouvoir, qu’il a quitté en 2010.

Depuis qu’il a succédé à Jeremy Corbyn en 2020, le nouveau leader travailliste, Keir Starmer, a recentré sa ligne sur les questions économiques et sociales. « Le début de campagne est dominé par la question de la baisse du pouvoir d’achat et celle de la dégradation des services publics, explique Pauline Schnapper, professeur de civilisation britannique contemporaine. Les travaillistes blâment la gestion des tories, soulignant qu’elle a été catastrophique pour les plus défavorisés, mais ils ne font pas de grandes promesses, sachant que, s’ils sont élus, leurs marges de manœuvre financières seront très réduites. »

L’obsession de l’immigration continue à dominer les prises de position à droite et surtout à l’extrême droite. 

Si la question du Brexit a disparu du débat public, l’obsession de l’immigration continue à dominer les prises de position à droite et surtout à l’extrême droite. Reform UK, lointain successeur du Ukip, le parti eurosceptique fondé par Nigel Farage, progresse (9 à 10 % dans les sondages fin 2023) en accusant les tories de n’avoir pas stoppé les « small boats » (petites embarcations). Les 30 000 migrants qui, en 2023, ont traversé la Manche à bord de canots pneumatiques ont beau ne représenter qu’une part infime de l’immigration légale – un solde migratoire de 606 000 personnes en 2022, « année atypique due à de nombreux visas accordés à des personnes venues d’Ukraine ou de Hong Kong », note Pauline Schnapper –, ils sont omniprésents dans des batailles identitaires, comparables à celles qui existent dans d’autres pays européens.

L’accord signé en 2022 par Boris Johnson avec Kigali pour expulser des migrants vers le Rwanda a été remis en cause par des décisions de la Cour suprême de Londres et de la Cour européenne des droits de l’homme. Après l’UE, c’est donc l’état de droit qui est contesté : la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, figure d’une droite dure, défend la sortie de la Convention européenne des droits de l’homme. Quant à Reform UK, sa campagne contre « l’immigration de masse » l’a fait revenir dans le jeu politique. « Compte tenu du scrutin uninominal majoritaire, l’extrême droite ne peut espérer entrer à la Chambre des communes, mais elle peut aggraver la défaite de la droite pour mieux espérer la concurrencer ensuite », analyse Pauline Schnapper. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !