Plus français que moi, tu meurs ! Je suis né étranger, à l’étranger, sans aucune ascendance gauloise, ni de près ni de loin. Arrivé en France à l’âge de 18 ans, j’étais un immigré de la première génération. Mais immigré de luxe en quelque sorte, puisque je baignais dans la langue et la culture françaises depuis le berceau et venais faire des études supérieures dans un milieu ouvert et chaleureux. Les deux conditions d’une intégration étaient réunies : être accueilli convenablement et vouloir résolument appartenir à la nation choisie.

Jusqu’alors, je n’avais connu la France qu’à distance, essentiellement par les livres. Découvrir en chair et en os le pays de Dupont et Dupond, de La Fontaine et de Jules Verne aurait pu être une déception. Ce ne fut nullement le cas, au contraire. J’y goûtais avec passion les paysages, la liberté d’expression, l’inventivité… Aujourd’hui encore, après tant d’années, je regarde la France avec émerveillement, en bénissant le ciel d’avoir la chance d’y vivre.

On peut naître français. Moi, je l’ai choisi, demandé et obtenu par naturalisation. Mieux qu’un diplôme ou la réussite à un concours, c’était le sentiment d’une liaison enfin légalisée.

On peut naître français. Moi, je l’ai choisi, demandé et obtenu par naturalisation

On peut se sentir parfaitement français sans pour autant renier ses racines. Non pas demi-français ou trois quarts français : français à 100 %, mais pas que. N’est-ce pas finalement le sort commun ? Aujourd’hui, avec séries américaines, musique brésilienne, yoga ou aïkido, sushis ou McDo, anglais à toutes les sauces, appartenance européenne et conscience planétaire, qui peut se dire français tout court ? 

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