Comment analysez-vous les controverses autour du traçage ?

C’est un débat à fronts renversés, plein de confusions et de paradoxes : des épidémiologistes réputés recommandent l’appui des applications informatiques et des informaticiens renommés les déconseillent. Les doutes ont envahi une grande partie de la société française, jusqu’au plus haut niveau de l’État. Mais tous les pays qui ont réussi à dompter l’épidémie ont investi dans le traçage, s’appuyant sur une combinaison de savoir-faire humains et d’outils électroniques.

Connaissant les risques de la surveillance électronique, pourquoi soutenez-vous la mise en place de l’application de traçage ?

Le traçage, électronique ou pas, est une forme de surveillance légère et rétrospective. On ne vous piste pas, on ne restreint pas vos mouvements. Il s’agit, quand on découvre que vous êtes infecté, de prévenir systématiquement et rapidement les personnes que vous avez pu contaminer pour qu’elles puissent s’isoler. Les enquêteurs humains font appel à la mémoire humaine, les algorithmes aux outils électroniques. La Corée du Sud ou Taïwan – des États démocratiques – n’ont pas hésité à recourir à des méthodes exhaustives. Notre société ne peut pas prendre le risque de laisser courir l’épidémie : il faut mettre tous les atouts de notre côté. À nous d’adopter des garde-fous pertinents pour que ces pratiques soient acceptables et acceptées.

Le sujet est l’objet de fortes tensions en France.

Santé publique France indique que la crise sanitaire a généré des niveaux d’inquiétude jamais enregistrés jusqu’alors. Le moment est troublé, on en oublie presque qu’on fournit constamment des informations confidentielles sur notre état de santé à l’État. Dès que les algorithmes s’invitent dans le débat, il y a une réaction plus ou moins forte selon les pays, clairement épidermique en France. Notre histoire n’y est sans doute pas pour rien : le fichage des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est encore dans la mémoire collective. Rien d’étonnant à ce que le sujet soit également hypersensible en Allemagne. Le Règlement général de protection des donn&eacu

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