Quelles traces numériques laissons-nous au quotidien ?

Elles sont de plus en plus nombreuses. L’image d’Épinal de ces « traces » renvoie surtout au profil que l’on se construit sur un réseau social. On y renseigne son nom, son état civil, son âge, sa profession, ses goûts… Mais ces données personnelles ne constituent que la face la plus visible, la plus évidente du traçage numérique. Ce que l’on saisit peut-être moins, c’est la transformation de toutes nos petites actions quotidiennes en signaux informatiques exploitables : un paiement par carte bleue, la validation de son pass Navigo, une apparition devant une caméra de vidéosurveillance.

Comment ces traces sont-elles exploitées ?

Elles viennent nourrir de grandes plateformes ou des acteurs plus modestes en informations sur notre intimité, sur nos modes de vie. Aux États-Unis, où le marché est bien plus dérégulé qu’en France, des courtiers en données en font leur business, chacun d’entre eux possédant en moyenne 3 000 à 5 000 informations différentes sur chaque individu. Cette recomposition informatique de nos vies se fait à notre insu et nous échappe la plupart du temps. Il y a quelques années, la journaliste américaine Julia Angwin avait tenté d’obtenir un droit de rectification auprès de plus de 200 courtiers pour effacer des informations la concernant. Identifier tous ces data brokers avait constitué un travail gigantesque, et, souvent, pour amender ces bases de données, il lui avait fallu fournir davantage d’informations. Il est évident que l’on perd rapidement toute souveraineté sur nos profils numériques.

Pourquoi ces données nous échappent-elles ?

Elles nous échappent parce qu’on participe de bon cœur à ce système. Lorsque l’on donne des informations personnelles en échange d’un service comme celui d’un réseau social, on affaiblit notre « système immunitaire » en offrant une matière potentiellement cessible à d’autres acteurs. Sur nos smartphones, de nombreuses applications téléchargées sont des mouchards qui aspirent des tas de petits morceaux de nos vies pour ensuite les revendre. On a de plus en plus tendance aussi à faire entrer directement chez soi, de notre plein gré mais sans en percevoir les enjeux, des dispositifs de surveillance. Des lanceurs d’alerte ont récemment révélé que les interactions que l’on pouvait avoir avec un assistant vocal tel que Siri ou Alexa étaient écoutées par des sous-traitants des grandes plateformes dans le but d’entraîner et de parfaire les systèmes d’intelligence artificielle, ce qui montre à quel point ces géants se comportent comme des services de renseigne

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