Un outil n’est ni bon ni mauvais : tout dépend de l’usage qu’on en fait. Si une caméra nous filme dans l’espace public, c’est de la télésurveillance. Si nous l’installons à l’entrée de notre maison, c’est de la téléprotection.

Idem pour ce qu’on appelle en bon français le tracking. Cet outil informatique permet de suivre le trajet d’un colis qu’on a commandé et de savoir à tout moment où il se trouve et quand il sera livré. Mais le tracking est également l’observation et l’analyse des comportements d’un utilisateur d’Internet à des fins commerciales, au moyen des redoutables cookies. Il ne s’agit plus de suivre un objet, mais de pister, cibler et traquer un consommateur potentiel.

Tracing n’est pas tracking. Avec un k de moins, on s’intéresse au passé : la reconstitution d’une histoire. Pour freiner la propagation du Covid-19, il s’agit de repérer des ­personnes ayant été en contact avec un malade, grâce à une application installée sur les smartphones. Ce traçage est un tracas, différent de la traçabilité : on rechigne à être observé, même pour des raisons de santé publique, mais on exige de savoir comment et par qui, avec quels matériaux et dans quelles conditions, ont été fabriqués les produits que nous consommons.

Le Petit Poucet semait des cailloux pour retrouver son chemin. Nous, nous générons à longueur de journée des traces électroniques, en nous indignant d’être suivis, sondés et harcelés. Nous ne pouvons plus nous passer de ce fichu smartphone, sachant pourtant qu’il n’arrête pas de nous espionner. Le plus intime de nos compagnons est un mouchard, mais aussi un ogre de haute définition. 

 

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