Ma Belle, quand la sève chantait, dansait dans mes jambes mes reins ma poitrine ma tête.
Et toi debout, le maska marguerite d’or sur ton phare de front, comme un feu dans la nuit.
Tu délivras une parole : que je retourne sur mes pieds vers toi, vers moi-même ma source
Mon rêve amour au jardin de l’enfance.
Ô désir suspendu à l’octobre de l’âge, où comme du rhum blanc tu brûles ma mémoire !
Il me faut chanter ta beauté pour apaiser l’angoisse, vers la colline
Entrer au Royaume d’Enfance pour accomplir la promesse à Sîra Badral
Comme Mohamed El Habib le Terrouzien, célébrant Diombeutt Mbodj dans sa splendeur d’ébène
Ainsi Moïse la nuit nubienne, et Miriam se fâcha contre elle, et Dieu de lui jeter la lèpre blanche.
Moi je te chante, comme le roi blond Salomon, faisant danser dansant les cordes légères de ma kôra.
Et à l’Orient se lève l’aube de diamant d’une ère nouvelle
Car tu es noire, et tu es belle.

Extrait d’« Élégie pour la reine de Saba », Élégies majeures, I, dans Œuvre poétique, Seuil, 2020 (rééd.) © Éditions du Seuil, 1979

 

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