Elles sont en tête…
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On dit toujours que les filles sont moins bien placées que les garçons. Eh bien ! pour la pauvreté ce n’est pas vrai : elles sont en tête. 53 % des pauvres sont des femmes. Et comme c’est vrai à tous les âges, ça le sera encore à la retraite, où elles touchent en moyenne moitié moins que les messieurs.
Alors qu’il n’y a que 200 000 familles monoparentales autour d’un père, on compte 1,5 million de femmes qui élèvent seules leurs enfants (près de deux millions en tout). La pauvreté fait beaucoup de ravages dans leurs rangs. Les deux tiers d’entre elles n’ont pas de relation sentimentale régulière et elles touchent rarement leurs pensions alimentaires. Elles représentent 55 % des « clients » des Restos du cœur et partent rarement en vacances. Question d’argent mais aussi de regard – elle cherche quoi, cette fille seule sur la plage ?
On a fait beaucoup pour les mères seules après la guerre de 1914-1918. Mais c’étaient des veuves de guerre, des héroïnes, organisées et louées. Et puis l’habitude s’est perdue. Aujourd’hui, quand 57 % des bébés naissent hors mariage, ces mères ne sont pas des héroïnes. Seulement des femmes libres ou abandonnées. Parfois les deux. L’autre jour, à la télé, une ministre parlait des devoirs de « leurs maris ». Non madame, la plupart du temps, ce sont leurs « ex », tout au plus.
Et dans les quartiers populaires, « les quartiers »comme on dit – vous savez, là où il y a plein de problèmes de drogues, de jeunes, d’« islam », etc. –, 25 % des logements sont occupés par des mères seules avec des enfants. Elles travaillent à droite à gauche, des heures de ménage, dans le grand commerce, des heures de transport… Et les enfants ? Justement, rôle décisif des fratries, de la socialisation dans les bandes, de l’économie parallèle. Du décrochage scolaire aussi – 150 000 par an… Contrôle de police, prison parfois, chemin vers le terrorisme. Souvent, pourtant, ce sont les associations de mères qui sont les plus bagarreuses, les plus positives, dans les quartiers. Mais pour quel résultat ? Une priorité pour les places en crèche et dans les écoles maternelles ? Le droit de changer de quartier HLM quand leur fils commence à déraper vers le trafic ? Et plus tard, la réversion des pensions de retraite pour les mères non mariées ? Non. L’égalité républicaine, madame. Merci.
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