Graveur du Père Lachaise, pivert des cimetières
Hugo Dezellus, graveur de pierres tombales, quitte son quotidien du Père Lachaise pour créer un refuge de biodiversité en Bretagne. Itinéraire avec le trimestriel Zadig d’une jeunesse qui, à la lumière de grands bouleversements, est en quête de sens.
Hugo aime les lettres, celles choisies par Gilles Deleuze dans son abécédaire – « A comme animal, D comme désir » – et celles qu’il grave sur les pierres tombales. À 31 ans, il est l’ultime prestataire de service des vivants. Sept euros par lettre, en l’occurrence. Ses doigts gelés s’agitent sur le café qu’on partage à quelques mètres du Père Lachaise. Avec lui, bizarrement, la mort prend des airs champêtres. Il parle du quotidien des piverts – c’est ainsi qu’on s’appelle dans le métier – et de la tranquillité des cimetières, parfois seuls espaces boisés que la nature et les animaux arrachent à la ville.
Mais Hugo est aujourd’hui fatigué : de partenaire de la mort des hommes, il souhaite devenir défenseur du vivant. Il nous raconte son rapport à la France et son installation près de Perros-Guirec, en Bretagne, pour créer une réserve pour animaux et un espace culturel. Ici, le granit rose ne se grave pas, et les cimetières sont des plages de coquillage. Une trajectoire singulière, mais qui raconte, en creux, l’itinéraire d’une jeunesse en quête de points d’attache, pour repenser le sens de la mort et du vivant.
À quoi ressemble votre France ?
J’ai eu la chance, enfant, d’avoir une maison de famille d’une centaine d’hectares, en Sologne. J’étais toujours dans la forêt, à observer les animaux, les plantes… Il m’en est resté une passion pour ce qu’on appelle « les quatre règnes » : le végétal, le minéral, l’animal et le fongique.