Quotidienne

Comment les algos flattent nos égos

Tous les vendredis, le 1 vous propose de lire un extrait d’un essai en lien avec notre numéro de la semaine. Aujourd’hui, Anti fake news de Thomas Huchon et Jean-Bernard Schmidt (First éditions). 

Comment les algos flattent nos égos

Quelle différence entre doute et soupçon ? Comment Trump a-t-il pu imposer le concept de « vérité alternative » ? Quel est le rôle des algorithmes dans la propagation de fausses informations ?

Thomas Huchon et Jean-Bernard Schmidt s'emploient à démêler le vrai du faux dans la jungle du monde de l'information dans leur essai Anti fake news. Le premier est journaliste d’investigation spécialisé dans les théories complotistes et les fausses informations, auteur du documentaire Comment Trump a manipulé l’Amérique. Le second a cofondé et dirige le média Spicee.com. Spécialiste de l’analyse des évolutions du numérique et de l’information, il enseigne à Sciences Po.

Extrait de cet ouvrage paru en mai 2022 chez First éditions, en lien avec le numéro du 1 « Comment guérir l'information ? ». 

 

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La fabrique de l’opinion

Cette année-là [en 2019], à l’occasion des élections européennes, nous avons imaginé une investigation journalistique et numérique hors norme : un documentaire produit pour la plateforme en ligne Spicee (1). Nous cherchions à savoir si les algorithmes de la plateforme Facebook avaient un impact sur la fabrication de nos opinions politiques, et donc, in fine, sur nos choix électoraux. Afin de mener à bien cette expérience, nous avons travaillé conjointement avec des spécialistes du Web, de la politique, de la psychologie cognitive, des data analystes, mais aussi des étudiants en journalisme de l’école de Sciences Po Paris. L’idée était la suivante : créer sur Facebook de « faux profils » et suivre leur évolution durant la campagne électorale européenne. Il devait s’agir de profils « colorés » politiquement mais surtout pas militants. Ce que nous pourrions appeler « des profils lambda », mais ayant, a priori, un intérêt pour la chose politique. Notre prérequis était donc que leurs centres d’intérêt soient à 60 % « non politiques » et à 40 % « politiques ». Ainsi, chacun devait faire des choix de pages culturelles, sportives, loisirs ou voyages auxqu

16 décembre 2022
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