En écho avec son nouveau numéro sur la démographie – « 8 milliards d’humains, et moi ? et moi ? et moi ? », le 1 vous propose de lire un extrait de l’essai d’Emmanuel Pont paru en 2022 aux éditions Payot : Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? Entre question de société et choix personnel. 

Dans ce passage, l’auteur s’interroge sur la capacité de la planète à nourrir un monde en croissance démographique. 

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Comment nourrir écologiquement un monde à 10 milliards d’habitants en 2050 ?

S’il y a une chose qui n’a pas changé depuis Malthus, c’est que les humains ont toujours besoin d’autant de calories, protéines, lipides et autres nutriments pour survivre et être en bonne santé. Nous avons donc bien ici une limite biologique dure, qu’il va falloir faire coïncider avec les capacités de production de la planète. Nous avons choisi ici une question concrète, avec une date de 2050 assez proche pour que toutes les projections de population donnent des chiffres similaires (un peu au-dessous de 10 milliards) et pour qu’on puisse estimer plausiblement les technologies disponibles. Nous avons aussi ajouté le critère écologique à la question.

Ce critère est fondamental : si les famines ont diminué depuis La Bombe P (1968) [de Paul R. Ehrlich, NDLR], les conséquences écologiques de l’intensification agricole ont été catastrophiques. De fait, la plupart des questions environnementales sont très liées à l’agriculture :

• 30 % des gaz à effet de serre ;
• principale source de perte de biodiversité et de déforestation ;
• occupation de la moitié de la surface terrestre ;
• consommation de 70 % de l’eau ;
• déséquilibre des cycles de nutriments. 

Vous aurez, bien sûr, reconnu 5 des 9 limites planétaires, dont les 4 qui sont aujourd’hui dépassées [climat, biodiversité mesurée par la vitesse d’extinction des espèces, cycles de nutr