Quotidienne

Cyberguerre en Iran : les réseaux sociaux, un terrain miné

Tous les vendredis, le 1 vous propose de lire un extrait d’un essai en lien avec notre numéro de la semaine. Aujourd’hui, Fenêtre sur l’Iran : le cri d’un peuple bâillonné, de Mahnaz Shirali (Les Pérégrines). 

Cyberguerre en Iran : les réseaux sociaux, un terrain miné

En écho avec son nouveau numéro – « L'Iran, le rêve d'une démocratie », le 1 vous propose de lire un extrait de l’essai de la sociologue iranienne Mahnaz Shirali. Dans Fenêtre sur l'Iran : le cri d'un peuple bâillonné (Les Pérégrines, 2021), cette professeure à Sciences Po Paris prend le pouls de son pays natal à travers les réseaux sociaux. Plongée dans un monde d'émotions et de sentiments extrêmes. 

 

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Chaque année, l’État iranien investit plusieurs millions de dollars pour contrôler l’espace virtuel. Des cours en ligne ont été lancés pour former des cybersoldats à la lutte contre les activités politiques des internautes. Ces agents ont recours à différentes tactiques pour entrer en contact avec les « influenceurs » des réseaux persanophones. L’une des plus efficaces consiste à se faire passer pour une jolie femme afin de dialoguer avec eux sur leur messagerie personnelle. Derrière les avatars de femmes fatales se cachent souvent des hommes. Elles (ou plutôt ils) parlent de sexe et échangent des photos avec leur cible. Par la suite, il suffit que les personnes piégées publient un post critique sur le régime pour qu’elles se voient ridiculisées par toute une série de révélations publiques sur leur vie intime et sur leurs penchants sexuels.

Depuis plus de quarante ans, les services secrets de la République islamique excellent dans l’art de piéger leurs cibles, en divulguant ce genre d’informations privées sur la vie des opposants en vue de les discréditer. Les agents iraniens ont largement dépassé la dextérité de leurs anciens collègues du KGB. Cette pratique se fait à l’aide de certaines femmes – parfois aussi de beaux hommes – qui sont formées pour séduire ; on les surnomme les « hirondelles » (parastoo, en persan). Non seulement de nombreux opposants ont été piégés ainsi, mais aussi certains responsables du régime suspectés de ne pas suivre à la lettre les consignes venues d’en haut.

Elles sont formées pour séduire ; on les surnomme les « hirondelles »

Une autre pratique souvent utilisée par la censure est de traîner devant les caméras de télévision, pour servir d’exemple aux autres, des personnes ayant commis des actions considérées par le régime comme illicites. En juillet 2018, l’arrestation et les aveux forcés de Maedeh Hojabri (1), une jeune fille de dix-huit ans qui avait posté des vidéos de danse sur Instagram, ont révolté les Iraniens, donnant lieu à une vague de protestations aussi bien dans l’espace public que sur les réseaux sociaux. En signe de soutien, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes se sont filmés en dansant et ont publié les vidéos sur Instagram.

La cyberpolice de la République islamique a aussi pour stratégie d’infiltrer les groupes monarchistes qui soutiennent le prince Re

28 octobre 2022
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