La technoscience, « une fausse solution » contre le réchauffement climatique
Tous les vendredis, le 1 vous propose de lire un extrait d’un essai en lien avec notre numéro de la semaine. Aujourd’hui, L’Emballement du monde de Victor Court (Écosociété).
Victor Court est ingénieur en sciences de l’environnement et économiste. Dans son premier essai, L'Emballement du monde (Écosociété), il nous propose une synthèse de l'impact de l'exploitation des ressources de la planète sur nos sociétés, du Paléolithique à nos jours.
Dans cet extrait, l'auteur montre à quel point la foi dans le progrès technique pour protéger l'humanité des conséquences du réchauffement climatique n'est qu'un leurre.
***
Les affabulations de Prométhée
En reconnaissant l’envergure tellurique de l’agir humain, l’Anthropocène confirme d’une certaine façon les rêves de toute-puissance de certains hommes – et beaucoup plus rarement de femmes, il est important de le noter. C’est pour cette raison que certains experts jugent légitime de vouloir régler le problème du dérèglement climatique par ce que l’on appelle la « géo-ingénierie ». Ce terme regroupe toutes les techniques qui visent à réduire l’effet des émissions de gaz à effet de serre sur le climat sans atténuer notre dépendance à l’énergie fossile. Le captage et le stockage du carbone (CSC) vise ainsi à recueillir et comprimer le carbone émis par de gros centres d’émission tels que les centrales thermiques, pour ensuite l’enfouir au fond des océans ou sous la terre (dans des gisements de pétrole épuisés ou des aquifères salins) (1). Installer et utiliser ce genre de technique n’est bien évidemment pas gratuit, ni sur le plan financier ni sur le plan énergétique : ajouter un dispositif de CSC augmente d’environ 20 % l’énergie consommée pour produire de l’électricité à partir de combustibles fossiles (2). Encore embryonnaires, les techniques de CSC auront peut-être un rôle à jouer, mais il restera limité. Même si elles devenaient un jour plus abordables, nous n’avons pas le temps d’attendre !
La palme de la dérobade « géo-ingénierique » revient probablement à ceux qui commencent déjà à regarder au-delà de l’horizon terrestre pour trouver une autre planète à saccager
Le CSC n’est que la partie émergée du vaste iceberg technicien que les adeptes de l’ingénierie climatique souhaitent utiliser pour prolonger la marche du capitalisme fossile. Mentionnons le déploiement de parasols spatiaux, la dispersion atmosphérique d’aérosols à base de souffre, l’…