Face à la pauvreté, il forme « des comptables et des combattants »
Jean Beaujouan a créé et anime l’association Osons parler argent. Elle lutte à son échelle contre la pauvreté en aidant les personnes qui en ont besoin à mieux gérer leur budget et se protéger contre les « prédateurs financiers ».
D’où est née votre envie d’aider bénévolement les personnes à mieux gérer leur argent ?
J’ai été cadre dirigeant d’une grande banque française ; à ma retraite, j’ai travaillé bénévolement dans une association aidant des personnes à sortir du surendettement. J’ai ensuite créé et animé l’association Crésus-Île-de-France en 2007, puis, en 2016, l’association Osons parler argent (OPA), qui compte aujourd’hui une dizaine de bénévoles.
Vers l’âge de 35 ans, j’avais eu une prise de conscience très forte : je travaillais depuis déjà treize ans dans cette banque, mais je n’avais jamais entendu parler d’argent. Les banques parlent essentiellement de produits financiers – qu’elles vendent –, mais pas d’argent en tant qu’objet social central complexe, excitant et flamboyant. De très nombreuses personnes n’ont qu’une connaissance faible de ce que sont une banque, un crédit, un budget, une épargne de précaution, les règles essentielles et indispensables de la gestion d’un budget, etc. D’autres ont des représentations très négatives de l’argent, et donc une relation à l’argent psychiquement dégradée. On parle alors « d’illettrisme de l’argent », à un stade plus ou moins…