« Chanter, c’est créer du lien social »
Ninoska Espinola est cheffe de chœur, musicienne et chanteuse. Au lendemain du premier tour des élections législatives, Zadig rencontre une femme qui coordonne les voix.
Musicienne et chanteuse, Ninoska Espinola dirige, depuis un an, le chœur féminin « Les Gardiennes de la Terre », à Bordeaux. Fille de réfugiés politiques chiliens, son enfance est bercée par des chants engagés et l’appel du pays perdu. Des fascicules de chansons chiliennes ramenés des rues de Santiago par sa sœur aux ballades antillaises, de l’espagnol au créole… Dans ses compositions comme dans sa vie, elle mélange les univers.
Différents univers se côtoient aussi chez Les Gardiennes, où une quarantaine de femmes se retrouvent toutes les semaines pour chanter. Chanter, c’est créer du lien social. Chanter, c’est exister autrement.
À quoi ressemble votre France ?
Je suis née à Créteil, mais mes parents ont déménagé à Bordeaux quand j’avais 2 ans. J’ai passé mon adolescence là-bas, puis je suis allée en Martinique pendant dix ans, quand j’avais 23 ans. Depuis mon retour de Martinique, je vis à nouveau à Bordeaux.
En Martinique, j’habitais au Robert, dans la partie est, presque au sud de l’île, mais j’aimais beaucoup aller dans le Nord, vers Saint-Pierre, le Carbet… J’aimais ce sentiment d’éloignement, alors que l’île est très petite. Fort-de-France, Les Trois-Îlets, c’était loin, touristique, alors que le Nord était très profond, méditatif. On voyait même l’île Dominique de loin, depuis Grand-Rivière, tout au nord.
Comment êtes-vous arrivée là ?
Je n’ai pas fait d’école de musique, car à l’époque, c’était cher, et ma mère ne pouvait pas me le payer. J’ai vraiment été formée par l’école de terr…