« Plus personne ne naît à Apt »
En 2016, la maternité d’Apt, dans le Lubéron, a fermé. Zadig a rencontré Marie-Aude, sage-femme qui y exerçait et a désormais son cabinet privé. Elle raconte comment son métier s’est recomposé depuis qu’elle prépare les femmes à prendre la route avant d’accoucher.
À Apt, dans le Luberon, les bébés arrivent après un long voyage. Pas de vol de cigogne, mais une départementale empruntée en voiture pendant une quarantaine de minutes depuis la fermeture de la maternité, en 2016. Les enfants naissent à Carpentras, Cavaillon, Pertuis, Avignon. « Il n’y a plus de petits Aptésiens », constate Marie-Aude Brichard. Ancienne sage-femme de la maternité, elle exerce désormais dans son cabinet en libéral et raconte ses changements de pratique – « On prépare un départ en voiture autant qu’à l’accouchement ».
Une réalité qui peut toucher les 900 000 femmes qui vivent désormais à plus de trente minutes d’une maternité, un nombre qui a augmenté d’un tiers entre 2000 et 2017 (enquête Drees, 2021). À travers le quotidien de Marie-Aude, Zadig raconte la vie après la fermeture d’une maternité. Comment se recomposent les pratiques des professionnels de santé, l’imaginaire des femmes, comment vit un territoire qui n’enregistre plus de naissances ?
À quoi ressemble votre France ?
J’ai grandi à Bain-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine. Ma mère était prof de bio, mon père travaillait dans les travaux publics. Mes grands-parents, des deux côtés, viennent du monde agricole. Je suis allée au lycée à Rennes, et j’y ai aussi fait mes études.
Je vis au pays d’Apt, dans le Luberon, depuis 2003. J’habite en lotissement, à environ deux kilomètres du centre-ville et à cinq kilomètres de mon cabinet. On voit une grande disparité entre les habitants, ici : une population très aisée qui ne vient qu’une partie de l’année et des gens qui travaillent et font partie …