« Je n’ai jamais voté, et cette fois-ci j’irai »
Isabelle Bayard est à la tête du plus grand relais routier de France. À cinq jours du premier tour des présidentielles, escale à Châteauroux, où elle confie à Zadig son intention de se rendre à l’isoloir pour la première fois.
Elle n’a jamais quitté Châteauroux mais est aux premières loges du voyage. Isabelle Bayard nourrit les routiers. Témoin d’une société qui change mais échange peu, d’une clientèle qui lui semble plus agressive et plus pressée, moins disposée à parler. Ce qu’elle voit depuis son restaurant, au bord de l’autoroute A20, l’inquiète : « Quand on est commerçant, on ne parle pas de politique, il faut être neutre. » Mais Isabelle exprime ses craintes et sa honte de la France face aux citoyens toujours mécontents et à la montée des extrêmes. Des craintes qui la mèneront pour la première fois dans les bureaux de vote dimanche prochain.
À quoi ressemble votre France ?
Je suis née, j’ai grandi et j’ai toujours vécu à Châteauroux. Mes parents tenaient une station-service, quand j’étais petite. Ils ont ensuite acheté un restaurant, puis un routier, et ont ouvert une guinguette, la Guinguette de Belle-Isle, dans le centre-ville. Il y avait des thés dansants, on dansait la musette… J’étais chargée de faire les glaces, et ça m’agaçait parfois ; j’étais adolescente. Je me faisais bousculer par les mamies qui dansaient. Elles portaient des gaines et je me rappelle très nettement de cette odeur ! Ce sont de bons souvenirs.
Il m’arrive, quand j’ai le temps, d’aller manger dans une crêperie de Châteauroux, mais le travail me prend tellement de temps que les endroits que je connais le mieux sont ma maison et L’Escale, où je vois passer beaucoup de monde. Je vois l’autoroute A20, les burea…