Sur le tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle, la croisée des frontières
Mathilde Belsœur coordonne les déplacements de 200 000 personnes dans cet aéroport. Dans son quotidien, elle gère ce qui nous ralentit : les escalators en panne, les bagages oubliés… Avec Zadig, plongée dans un espace de traverse.
Depuis son bureau de Roissy-Charles-de-Gaulle, Mathilde Belsœur s’arrête soixante minutes pour nous parler d’espace. Raconter ce lieu particulier où « d’un côté se jettent les champs du Nord » et de l’autre « se fond Paris ». La sensation grisante de travailler dans une infrastructure devenue ville, un espace tout aussi hyperconnecté qu’extrêmement isolé.
Avec elle, plongée dans la France des flux et des limites. Car Mathilde a les yeux rivés sur un espace clé de notre pays, une ligne qui détermine le destin de millions d’hommes autant qu’il cristallise le débat des élections présidentielles : la frontière. Elle coupe l’aéroport et délimite deux natures d’espace, l’airside, et le landside. Dans le centre de commandement de l’aéroport, Mathilde coordonne avec son équipe de soixante personnes les flux de centaines de milliers d’autres. Parfois, au cœur des circulations, un souvenir enfoui réapparaît : l’accent du sud.
À quoi ressemble votre France ?
On imagine une vie internationale, mais travailler à Roissy, c’est un quotidien très local. L’aéroport représente un tiers de l’emprise de Paris intramuros, 250 kilomètres de routes et une autoroute la traversent. On y trouve tout un petit monde, des centaines de métiers, c’est une ville. Surtout, cet endroit nous appartient à tous, c’est un bien public.
