Les villes connaissent aujourd’hui une situation paradoxale. Jamais elles n’ont accueilli autant d’habitants – plus de 80 % de la population française réside aujourd’hui en zone urbaine. Jamais, non plus, elles n’ont suscité autant de critiques, voire de rejet. L’expérience du confinement, à cet égard, a laissé des traces. Un demi-million de Parisiens ont fui la capitale pendant cette période. Des centaines de milliers d’autres citadins en ont fait de même à travers le pays, désireux de quitter au plus vite l’espace urbain dès lors qu’il n’était plus un horizon imposé. Cet exode n’a été, bien sûr, qu’une parenthèse, enchantée pour certains, contrainte pour d’autres. Mais il dit quelque chose du rapport de plus en plus contrarié qu’entretiennent les habitants avec ces grandes cités toujours plus peuplées.

Un tiers des Français disent désormais vouloir quitter la ville pour la campagne. En cause : le coût du logement, l’absence d’espaces verts, le stress des transports, le bruit, la foule, la saleté… Autant d’éléments qui ne sont certes pas nouveaux, mais qui pèsent plus lourd au regard des évolutions de la société et des aspirations à une vie plus saine, menée à un rythme plus serein. Dans ce contexte, comment les villes peuvent-elles évoluer pour offrir un cadre de vie plus agréable ? À quelles conditions pourront-elles relever des défis aussi nombreux que le vieillissement de la population, le changement climatique ou la situation pandémique ? Ce numéro spécial du 1, réalisé en partenariat avec Sorbonne Université, se penche justement sur ces questions primordiales, qui façonneront les habitats de demain. Et dessine ainsi le portrait des villes du futur, dans des domaines aussi variés que les transports, la santé publique, l’environnement ou l’inclusion numérique.

 

La prospective est évidemment un exercice hasardeux. Et les métropoles d’aujourd’hui ne sont pas celles qu’imaginaient hier Jules Verne ou Barjavel. Mais le concours dans ce numéro d’experts, de géographes ou d’écologues, offre des pistes solides pour imaginer les innovations que pourraient connaître nos villes – si du moins celles-ci acceptent d’évoluer. Car comme le rappelle l’urbaniste Patrizia Ingallina, dans un entretien qui donne à réfléchir, les cités ne sont pas des objets, mais des entités vivantes, dont les contours ne cessent de bouger, à condition de ne pas les vitrifier sous le poids de l’histoire. Pour accueillir l’avenir, il faut parfois savoir tourner le dos au passé. Parlez-en aux habitants de Paris, où le moindre changement de mobilier urbain, comme celui des colonnes Morris l’an dernier, soulève des cris d’orfraie… 

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