Cela faisait bien longtemps déjà que les villes ne suivaient plus nos désirs de hauteur et de domination, mais plutôt ce que les écosystèmes naturels avaient élaboré de plus complexe au cours des milliards d’années d’évolution, tous les mélanges, réseaux et métissages. Nos villes se déployaient à présent à l’horizontale, se ramifiaient comme des toiles, des rhizomes, des efflorescences, de tous les côtés à la fois, plus de pyramides, de tours, et autres dualismes qui nous avaient pourri l’âme. On n’essayait plus de toucher le ciel (à quoi bon, il nous était déjà tombé dessus), on voulait désormais mêler racines et métaux, lumières et cascades, dans une nouvelle alliance des matières et des formes.

La grande bascule bioécologique se poursuivait, bien sûr, mais les sociétés donnaient la sensation d’en avoir pris la mesure. Dans un brusque et inattendu retournement de paradigme, les villes étaient devenues humbles, fragiles, poreuses ; on avait été tenu d’abandonner l’idée d’une société pérenne, d’un château imprenable (c’était bien la meilleure chose qui nous soit arrivée), et on étai

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