« Il est tout de même lamentable que des gens qui perçoivent l’aide sociale aient un chien », vient de déclarer un conseiller municipal du Värmland.

La loi est certes bien imparfaite :
les pauvres ont le droit d’avoir un chien.
Pourquoi ne se procurent-ils pas un rat ?
C’est gentil et ça ne coûte presque rien.

Voilà des gens qui, dans leur maison,
entretiennent des chiens toute la vie.
Ils pourraient bien jouer avec des mouches
qui sont aussi d’excellente compagnie.

C’est la commune qui paie, bien sûr.
Mais il faut cesser cette aubaine.
Sinon, vous verrez que très bientôt
ils vont s’offrir une baleine.

En fait de mesure, je n’en vois qu’une :
abattre tous ces chiens. Ou bien alors,
pour sauver les deniers de la commune,
c’est les pauvres qu’il faudra mettre à mort.

Printemps français, suivi de Poèmes satiriques, traduit du suédois par Philippe Bouquet, Ludd, 1995

Contre la misère, on peut opposer la force des mots. Mais cela sert-il vraiment à quelque chose ? L’œuvre du Suédois Stig Dagerman est faite de tels questionnements, qui sondent notre besoin de consolation, avec parfois un humour désespéré. Comme dans ce poème fraternel écrit quelques jours avant son suicide, à 31 ans. 

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