Sur le long terme, la sociologie des personnes sans-abri durant l’hiver a beaucoup changé. Au XIXe siècle se trouvaient à la rue nombre de personnes âgées qui n’arrivaient pas à survivre et mendiaient, voire allaient jusqu’à demander leur incarcération au dépôt de mendicité. Tout un prolétariat agricole était privé de travail durant l’hiver et refluait dans les villes, sans ressources financières et sans logement. Mais les mendiants et vagabonds pouvaient également être, comme aujourd’hui, des jeunes ou des ouvriers en quête d’ouvrage, des femmes abandonnées par leur conjoint…

C’est dans ce contexte particulier de « paupérisme » qu’ont été inventées de nouvelles solidarités pour contrer la grande misère née de l’industrialisation et de l’urbanisation. La dépression économique des années 1873-1896 a en particulier joué un rôle décisif dans la prise de conscience de la nécessité d’agir : le chômeur, auparavant catalogué comme paresseux, devient dans la perception d’un nombre croissant de Français quelqu’un qui ne trouve pas de travail en raison de la conjoncture économique. À la répression du vagabondage et de la mendicité se substitue peu à peu une volonté assistancielle.

L’une des grandes organisations de l’époque, l’Armée du salut, née en Grande-Bretagne en 1865, s’implante en France en 1881

C’est dans ce contexte que naissent de nouvelles mobilisations charitables et hivernales. Des soupes populaires sont développées par les bureaux de bienfaisance. L’une des grandes organisations de l’époque, l’Armée du salut, née en Grande-Bretagne en 1865, s’implante en France en 1881. Sa devise illustre sa mission : « Soupe, savon, salut. » Elle distribue aux « indigents », selon le vocabulaire en vigueur, des soupes et des rations l’hiver. Son fondateur, William Booth, et Paulin Enfert, qui a créé La Mie de pain à Paris en 1891, incarnent assez bien cette première période d’assistance moderne. Les nouvelles municipalités républicaines vont rejoindre ce mouvement, avec les « fourneaux écon

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