Dans nos imaginaires contemporains, l’hiver évoque le ski, et le ski évoque les vacances, les combinaisons colorées et les téléskis. En un mot, les stations de sport d’hiver. Pourtant, ce n’est qu’au début du XXe siècle que le ski devient véritablement un loisir, avec ses lieux attitrés. Avant cela, il est essentiellement une pratique utilitaire, c’est un moyen de se déplacer, de chasser, de faire la guerre. Puis, dans les années 1910, il devient un sport. On invente des compétitions, une gestuelle, un matériel spécialisé, mais aussi des lieux pour en faire. Il s’agit tout d’abord de petits villages de montagne à moyenne altitude, comme Megève ou Chamonix, qui se dotent d’hôtels et de remontées mécaniques. Ensuite, à partir des années 1950, on assiste à l’émergence des grandes stations, immortalisées par la culture populaire dans des films comme Les Bronzés font du ski (1979).

Il faut bien comprendre que les stations sont le produit d’une époque, celle des Trente Glorieuses, marquée par une volonté de modernisation et d’accélération de la société française. Alors que l’Europe découvre les sports d’hiver, et que la Suisse et l’Autriche commencent à monopoliser ce créneau lucratif, l’État français s’engage dans la « bataille européenne du ski » et emploie les grands moyens. Ce sont les « plans neige » qui, de 1964 à 1977, font sortir de terre les stations de ski à la française, d’un type complètement nouveau et unique au monde : des villes à la montagne, construites ex nihilo, en altitude, et entièrement destinées à l’accueil des touristes et à la pratique du ski alpin. C’est ainsi que naissent des lieux comme Val Thorens, Les Menuires, Courchevel, La Plagne, Les Arcs, ou encore Val-d’Isère.

Leur succès est immédiat dans une France qui se passionne pour les sports d’hiver : les JO d’hiver de 1968 ont lieu à Grenoble, l’équipe de France de ski alpin est championne du monde à pl

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